mardi 17 janvier 2012

Chiapas

on va en faire quoi ??
Nous quittons le bord de mer pour rejoindre le cœur du CHIAPAS. Après 3 heures de route nous arrivons à Tuxtla Guttierrez, nous sommes toujours à 300 m d'altitude. Les hauteurs se font attendre.Enfin au nord de la ville nous prenons une petite route qui grimpera très fort pendant des kms et nous commençons à apercevoir au loin des montagnes à la végétation très dense enfouies sous les nuages.Nous nous arrêtons au bord de la route pour déjeuner et dans ce petit resto nous sommes déjà ailleurs.Toute la famille en tenue traditionnelle trie les fameux "frijoles " (haricots dont nous nous délectons tous les jours) , les femmes se cachent le visage par crainte des photos, les petites filles aussi.Les hommes ont une frange très particuliére
Nous découvrons un nouveau Mexique en découvrant le Chiapas. Sur 4,2 millions d'habitants il y a 1,25 million d'indiens formant plusieurs groupes ethniques qui se différencient par la langue, par les croyances , les coutumes.C'est ici que l'on trouve les ultimes descendants des Mayas. Les indiens (ici il est très mal vu de dire indiens on dit indigènes!) sont très pauvres. On leur a pris leur terre. Ils ont toujours été traités comme des citoyens de seconde zone sur le plan politique et économique. Pourtant le Chiapas a beaucoup de ressources:  agriculture ( café, banane , tabac , cacao...), minerais ( or, argent ,cuivre), pétrole, gaz naturel, énergie hydro électrique ...Et eux survivent à peine. Donc un jour ras le bol ...Un peu d'histoire...Impossible de parler du Chiapas sans évoquer les événements de 94 qui ont marqués le monde entier: Le 1er janvier 94 , 1000 hommes et femmes du Chiapas marchent vers les principales villes de l'état avec à leur tête le sous-commandant Marcos. Ce mouvement se définit comme l'armée zapatiste de libération nationale(EZNL) .Les accords passés avec l'état n'ayant  jamais été respectés une guerre d'usure commence entre les zapatistes et le gouvernement qui n'est pas terminée , depuis 25 ans (ni perdon ni olvido!) Parallelement d'autres actions sont menées avec compétence par les communautés  zapatistes  : soutient de l'artisanat, défense de l'environnement, projets de santé, vaccinations , école pour tous ...

Nous attendions de voir SAN CHRISTOBAL DE  LAS CASAS avec impatience.Nous ne sommes pas déçus par la beauté de cette petite ville coloniale à 2000 m d'altitude..Les indiens qui habitent dans les montagnes autour ou dans les favellas dans la banlieue viennent en habits traditionnels y vendre toute la journée les objets qu'ils fabriquent à la main . Les femmes mayas sont des tisseuses expertes et utilisent des techniques ancestrales. Leurs motifs tissés ou brodés sont remarquables .Tous les charmes de cette ville contribuent à l'afflux intempestif d'étrangers qui s'installent de plus en plus dans certains quartiers de la cité. Le soir , à part les femmes indiennes qui ont un marché sur la place San Domingo et quelques attractions folkloriques , dans les rues et les cafés du centre c'est plus la culture des filles anorexiques des Bobos yankee , et celle des néo Babas qui sévit. Les Américains sont prêts à financer l'écotourisme, les coopératives artisanales, les hôtels 5 étoiles , le bio carburant... Mais en même  temps revendiquent un droit sur cette inestimable région !!!

Le plus magique des pueblos magicos est sans aucun doute pour moi SAN JUAN CHAMULA. Dans ce village vivent les tzotzils, un des groupes ethniques descendants directs des Mayas .Ils sont restés très proches de leurs ancêtres. Ils ont des pratiques religieuses où se mèlent les croyances anciennes et certains éléments du catholicisme apportés par les espagnols.Ils habitent dans leurs maisons en terre dans les collines et viennent dans le village pour le marché et les cérémonies religieuses. Nous sommes là le dimanche. C'est justement jour de marché.Les femmes portent un rebozo  bleu , utilisé comme porte bébé et une jupe en laine noire à poils longs .Des hommes ont des vareuses noires ou blanches en laine, une ceinture large ocre et un chapeau de paille avec des rubans rouges et verts : Ce sont les "représentants"du village.Ils se congratulent, ignorants complètement les étrangers. Les Mayas, viscéralement  indépendants , opposent une résistance opiniâtre aux autorités extérieurs à la commune. Autour de la place les femmes ou les enfants vendent le maïs ,les fruits, les volailles , les broderies...Les hommes chantent ou jouent de la guitare et boivent le Posh qu'ils ont distillé eux même ,avec du Coca : la sensation de chaleur ( augmentée  par le gaz carbonique) qu'ils éprouvent en ingurgitant ce breuvage leur rappelle le soleil (moi aussi!). Et toute la matinée circulent des caisses entières de coca pour enflammer les Mayas. Le coca est aussi très apprécié dans le temple de San Juan où nous pénétrons comme dans une cité interdite.De la nef , ont été enlevé  tous les bancs et les indiens prient à genoux sur les branches de pins qui recouvrent le sol . Les centaines de bougies  qui éclairent des saints parés de vêtements sacrés se reflètent dans des miroirs embués d'encens. Les fidèles se pressent avec des fleurs et des bouteilles de coca qu'ils abandonnent comme une offrande devant l'autel . Des vieillards invoquent avec véhémence St. Jean Baptiste (vénéré plus que le Christ devenu une partie de l'astre solaire), un  guérisseur ou un fiancé psalmodie en frottant le corps d'une jeune fille avec des œufs...
" Les  Mayas ont réussi à survivre à cinq cent ans de misère économique,de persécution politique et de génocide. Cela les rend très, très admirables." Robert Sharer
 Le lendemain  nous dormons près du site de PALENQUE au milieu des frangipaniers , des gommiers rouges, des flamboyants et des bananiers  dans des cabanas ...Un toit commun en  palme avec un autre couple mais chambre et salle de bain privées .Nos voisins :  Deux très jeunes français discrets qui vont à vélo jusqu'en Argentine .
Nous sommes les seuls vieux mais nous assumons les soirées dans les paillotes attenantes avec musiques de jeunes.Les pulpeuses mexicaines  sont si sexy avec leur petit bedon doré qui sort toujours de leur culotte! Alors quand elles dansent !
Les ruines de Palenque se découvrent au milieu de la forêt tropicale, des cêdres, des acajous et des sapotilliers...Ce jour là il pleut légèrement mais peu à peu une douce luminosité éclaire ce site fabuleux .Un peu d'historique...En l'an 615 de notre ère le jeune roi Pakal monte sur le trône de Palenque
Il n'a que 12 ans et Il est vénéré par les habitants de cette cité maya. Les royaumes voisins complotent contre lui. Mais sa maman qui a dirigé la cité avant que son fils soit adulte , le conseille bien . Plus rusé que ses ennemis , il restaure la puissance et le prestige de sa ville . Il va l'embellir et elle devient une des plus somptueuses capitales du monde maya.Ses successeurs vont lui emboîter le pas et cette ville révéle de nos jours des siècles d'art, de sculpture et d' architecture d'une maîtrise parfaite.Le palais du roi Pakal est un chef d'œuvre d'ingénierie avec sa tour, ses cours et un aqueduc qui assurait un apport en eau douce.


Sublimement réalisé , le couvercle du sarcophage du roi Pakal , le représente  dans l'inframonde (l'au delà) .Magnifique aussi, reconstitué à partir de centaines de fragments de jade, le masque de la "reine rouge " sûrement la mère du roi Pakal . (les deux au musée du site à Palenque).